Publié le 18.12.2023

2023, une année riche pour le secteur spatial français et européen

Premier budget européen dans ce secteur, l'investissement de la France dans le spatial permet de financer de nombreuses missions scientifiques, de contribuer aux programmes européens et de renforcer l'autonomie stratégique du pays. Retour sur une année particulièrement riche pour la recherche et l'innovation française au service de tous les Terriens.

Prendre toute notre part à l'aventure spatiale

C'est l'un des objectifs prioritaires du plan France 2030, qui consacre 1,5 milliard d'euros d'investissements dans le secteur spatial. C'est, au total, 9 milliards d'euros que la France va investir dans ce domaine sur les prochaines années.

9 Mds d'euros investis sur la période 2022-2025

1,5 Mdd'euros engagés dans le cadre du plan France 2030

1erbudget spatial européen

Les 4 axes stratégiques de la France en matière de politique spatiale

En septembre 2022, lors d'un discours prononcé au 73e Congrès international d'astronautique (IAC), la Première ministre Elizabeth Borne rappelait les priorités françaises dans le secteur spatial.

Garder l'autonomie d'accès à l'espace

La capacité pour la France et l'Europe à disposer de lanceurs et de moyens d'accès à l'espace en toute autonomie est un objectif qui continue de trouver sa traduction opérationnelle dans les projets de lancement, notamment.

À ce titre, Ariane 6, dont le vol inaugural est prévu pour 2024, a poursuivi avec succès cet automne une série d’essais combinés. L'Agence spatiale européenne (ESA), qui coordonne le programme, a confié au Cnes la maîtrise d'œuvre du développement des « moyens sol », en Guyane, avec la construction d'un nouveau pas de tir et des aménagements de la base existante.

Test de mise à feu d'Ariane 6

Prendre le tournant des constellations

Cette priorité permet de renforcer la couverture des besoins du quotidien via nos satellites et nano-satellites. Le déploiement de ces engins en orbite autour de notre planète permet de maîtriser les données de circulation, de santé, mais aussi d'observer la Terre, en particulier pour mieux appréhender les changements climatiques.

Le nano-satellite Inspire-Sat 7, qui étudie le climat

A l'occasion du lancement du nanosatellite français Inspire-Sat 7, mardi 11 avril 2023, nous avons rencontré Mustapha Mefta, astrophysicien au sein du CNRS LATMOS et spécialiste des relations soleil atmosphère. Depuis le centre de contrôle de commande satellite, à l'Observatoire Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (OVSQ) situé à Guyancourt, il prépare avec ses équipes le lancement d'Inspire-Sat 7, collecte et analyse les informations transmises par le nanosatellite UVSQ-Sat, mis en orbite en 2021.

"À partir du mois d'avril 2023, Inspire-Sat 7 va être mis en orbite par un lanceur de la société SpaceX. Son objectif ? C'est, il y a trois grandes composantes. 1. c'est répondre à des questions scientifiques clés, 2. c’est développer de nouveaux éléments technologiques pour préparer les futures missions et trois pousser la composante pédagogique.

Mustapha Meftah, je travaille au LATMOS. Je suis porteur d’un programme petits satellites dédiés à l'observation de la terre et du climat et je suis astrophysicien et docteur en géosciences. Un nanosatellite, c'est un assemblage de petits cubes. On part initialement sur un format qui est un Cubesat. Un Cubesat, c'est un volume de dix centimètres par 10 cm par 10 cm qui fait environ, qui pèse à peu près un kilogramme et qui va consommer environ un watt. Quand on va assembler ces différents cubes, on va former un nanosatellite.

La démarche initiale, c'était d'utiliser ces vecteurs pour pouvoir former des étudiants, notamment former les étudiants aux métiers de demain, à la recherche et aussi au spatial. Aussi former des doctorants et échanger des étudiants entre pays. On met aussi en place un programme scientifique où l’on pousse une idée de recherche pour pouvoir atteindre des objectifs scientifiques pour répondre à des questions clefs.

Là, en direct on suit l'évolution et la position du satellite. Donc on voit actuellement qu'il est à l'ouest de l'Australie, donc il suit son orbite. Il va se diriger vers la partie nord. Et puis au bout d'un certain temps, il va repasser ici, chez nous, au niveau de la France. On l'attend en général en fin de soirée. Et puis en général, nous avons environ 4 à 6 passages par jour au-dessus de la France. Le satellite ne peut déverser ses données que lorsqu'il se situe au niveau de la zone où nous récupérons les données. On a une multitude d'autres paramètres qui sont récupérés. C’est ce qui s'appelle les observables du satellite pour vérifier sa bonne santé. En permanence, une des premières opérations, c'est de vérifier l'état de bonne santé du satellite. On vérifie là où il est situé en termes de latitude et de longitude, mais aussi son altitude.

Là, c'est un exemple de satellite sur lequel on est en train de réfléchir ça a une dimension un peu plus grande. Voyez, on est à 6 unités et donc un spectromètre à échelle une qui a été embarqué à bord de la Station spatiale internationale pour mesurer l'éclairement solaire. On a ici un équivalent qui est miniaturisé pour pouvoir faire des choses similaires. Mais l'idée, c'est d'arriver à quelque chose de plus petit, plus compact.

5, 4, 3, 2, 1, 0... La fusée va partir et au bout d’un certain temps, en général, au bout d'1 minute 30, on va atteindre ce qu'on appelle le Qmax. C'est le moment où la poussée, la vitesse devient très très importante. Le système va continuer sa mise en orbite et à un moment, on va avoir la séparation entre le premier étage et le deuxième étage d'une fusée. Ensuite, ce dispositif va continuer son envol. On va avoir une séparation de la coiffe. Des éléments de coiffe vont se séparer et ensuite, on aura une vue directe sur les différents satellites. Chaque satellite va se trouver un moment dans un éjecteur et va devoir à un moment être éjecté. Ici, on a un exemple de déployeur de satellite.
Une fois qu'on a réalisé et développé notre satellite ici, c'est un exemple pour un satellite un peu plus gros qui fait six unités.
On vient l’intégrer à bord de l’éjecteur de satellite. On vient le verrouiller et à un moment, quand il sera dans l'espace au niveau de la coiffe, on va avoir des boulons pyrotechniques qui vont être déverrouillés. Et puis le satellite va être éjecté. Une des premières opérations et étape c'est de déployer des antennes pour communiquer avec lui et ensuite le stabiliser, le stabiliser pour ralentir sa rotation."
 

En effet, rappelons que des mesures satellitaires précises et régulières permettent de calculer des variables climatiques essentielles, exploitables par le GIEC entre autres, et qui ne seraient pas accessibles avec les seules données de terrain.

Être à la pointe de la technologie spatiale

Faire de l'espace un levier d'action en faveur du climat et prendre part aux prochaines explorations font partie des priorités françaises. L'Hexagone renforce sa position dans le domaine de l’exploration : on peut citer la contribution importante aux modules Esprit et I-Hab de la future station en orbite lunaire « Gateway » ou encore la mission ExoMars, une aventure européenne sur Mars puisque l'ESA prévoit de déployer un rover sur la planète rouge à l'horizon 2028.

La France, à travers la contribution du Cnes, joue un rôle de premier plan dans l'instrumentation de nombreux programmes spatiaux. Citons la sonde Euclid, dont les premières images nous sont parvenues cette année, un programme dont la France est un acteur majeur. Autre exemple, le spectromètre imageur MIRS, de conception française. Il s'agit de l'un des treize instruments de la mission spatiale japonaise MMX, qui explorera les lunes de Mars. MIRS est désormais prêt à être livré au Japon, où il est attendu à la fin du mois de janvier 2024.

Enfin, Emmanuel Macron le rappelait lors de son déplacement à Toulouse le 11 décembre 2023 à l'occasion d'un premier bilan du plan France 2030 : 1,5 milliard d'euros sont engagés pour développer de nouveaux lanceurs, constellations et applications spatiales. On compte huit projets français de micro-lanceurs, ainsi qu'un nouveau moteur de fusée dont la conception a été confiée à The Exploration Company, grâce à un cofinancement du Cnes. L'ambition est de produire un moteur comparable au Raptor de SpaceX, adapté à un lanceur super lourd et capable de réaliser des missions d’exploration spatiale.

Le PEPR Origins, financé par France 2030 : sonder l'espace, mieux comprendre la Terre

Nous sommes actuellement dans la grande coupole de l'Observatoire de Nice. L'Observatoire de Nice a été construit en 1881. Il fut doté de ce qui, à l'époque, était le télescope le plus grand du monde. Il fallait construire un grand bâtiment pour l'abriter, une grande coupole. Ce bâtiment fut construit par Garnier, grand architecte, et la coupole de 24 mètres de diamètre fut construite par Gustave Eiffel.

Le PEPR Origins a pour objectif de mieux comprendre la formation des planètes, des planètes habitables et l'origine de la vie. En France, nous abordons les problèmes selon cinq axes de recherche. Etudier dans les détails la formation du système solaire, en particulier par le biais de l'analyse des météorites et des échantillons ramenés par les missions spatiales. Etudier les planètes extrasolaires, chercher à les caractériser par imagerie directe pour comprendre leur composition et en particulier la composition de leur atmosphère.

Étudier la Terre dans sa globalité comme planète habitable. C'est la seule planète habitable que nous connaissons.

Quel instrument allez-vous construire avec le PEPR Origins ?

Un  instrument que nous développons pour améliorer notre compréhension de la dynamique interne de la Terre. Elle est étudiée en étudiant les séismes, les tremblements de terre. Mais tous les sismomètres sont placés évidemment sur les continents. Les 4/5 de la Terre sont couverts par des océans.

Donc nous avons développé un robot. Une sorte de vaisseau spatial, qui va plonger sous les océans. Il va déposer un sismomètre sur le plancher océanique, faire des mesures pendant un certain temps et de temps en temps refaire surface, envoyer les données par satellite, déployer des panneaux solaires pour recharger les batteries et plonger à nouveau.

Quelle est la place de la France dans l'astronomie mondiale ?

Nous sommes évidemment un des piliers de l'ESO, le European southern observatory, qui est une institution européenne avec beaucoup d'États membres, qui gère les plus grands télescopes, qui sont notamment placés au Chili.

Nous avons des participations grâce au CNES, à l'Agence spatiale européenne. On participe aussi aux différents instruments spatiaux.

Assumer la part militaire de la puissance spatiale française

L'objectif est de fournir des équipements spatiaux à la hauteur des enjeux de sûreté auxquels la France est aujourd'hui confrontée. Il s'agit de préserver notre autonomie stratégique nationale en matière de défense spatiale, notamment pour protéger nos satellites.

Quelques faits marquants de l'année 2023

La ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, a annoncé le lancement de SPACE-IDF, premier projet de formation consacré au secteur spatial. Objectif : sensibiliser près de 800 000 personnes aux métiers en lien avec le domaine spatial et en former près de 6 000.

La Française Sophie Adenot, sélectionnée en 2022 par l’ESA pour intégrer le Corps européen des astronautes, a débuté sa formation d'astronaute à Cologne.

Saluons enfin le succès du lancement de la sonde Juice, qui part aux confins de notre système solaire pour étudier Jupiter et deux de ses lunes. La sonde a décollé avec succès le 14 avril 2023 sur un lanceur Ariane 5, depuis le Centre Spatial Guyanais.